histoire du tampon jetable

La grande histoire du petit tampon.

Sans lui c’est la panique. Prise au dépourvu, on murmure son nom dans le creux de l’oreille d’une consœur. Puis, on le glisse discrètement dans notre poche arrière, comme une honte qu’on tente de cacher.

Avec le temps, on a développé avec le tampon hygiénique une relation toxique (au sens propre et figuré!). Un genre d’histoire d’amour-haine dont nous sommes maintenant dépendantes. Nous l’utilisons à défaut d’avoir une meilleure solution. Un peu comme ce vieux chum auquel on reste accrochée, sachant tout au fond qu’ailleurs, il y a quelque chose de mieux qui nous attend... (Les petites culottes Mme L’Ovary par exemple... ????)

Bref. Depuis bien des années, le tampon domine les palmarès des produits d’hygiène féminine. Il est petit, il est simple, semble inoffensif, n’a pratiquement pas d’odeur et nous permet de dissimuler ces indésirables pertes mensuelles.

Mais d’où sort-il? Quelle est l’histoire du tampon hygiénique? On vous la raconte dans cet article!

Il était une fois: le tampon.

solution tampon polluant

Chapitre 1 : Les nombreuses grands-mères du petit tampon

À travers le monde et les époques, les femmes se sont introduites dans le vagin différents objets parfois étonnants afin d’endiguer leurs pertes mensuelles.

En voici quelques-uns:

  • Les Égyptiennes : du papyrus ramolli;
  • Les Grecques : des morceaux de bois entourés de ficelle.
  • Les Romaines : du coton, un ingrédient un peu moins ravageur pour les parois vaginales...
  • Les Japonaises : du papier;
  • Les Indonésiennes : préféraient les fibres végétales
  • Les Africaines équatoriales : des rouleaux de gazon!

(On peut dire qu’avec les années, nous avons eu de la fuite dans les idées!)

Cette créativité pour le moins inspirée fut arrêtée, au Moyen-Âge, lorsque le clergé interdit aux femmes de s’introduire quoi que ce soit dans le vagin (mis à part un pénis pour des fins de procréation… bien entendu).

À cette époque, les femmes n’utilisaient donc rien-niet-nada. Comme les sous-vêtements n’existaient pas encore, elles portaient de longues jupes et laissaient libre cours à leur flux menstruel. Vive la liberté!

Qui dit flux menstruel sans frontières dit également hygiène douteuse. C’est à ce moment que les femmes ont commencé à utiliser des serviettes hygiéniques de cotons attachées autour des hanches qu’elles rinçaient et séchaient. Celles-ci ont évolué et pris plusieurs formes avec les années. Mais revenons à nos tampons!

ceinture menstruelle

Voici d'autres exemples d'inventions "menstruelles" de l'époque

En 1879, le British Medical Journal publie un rapport sur une technologie de pointe pour gérer le flux menstruel. Voici son fonctionnement : 3, 4 boules de coton étaient attachées le long d’une ficelle. Celle-ci était incérée à l’aide d’une tige de bois, à travers un tube de verre dans le vagin. Un procédé inquiétant, dangereux et complexe, heureusement il n’a pas fait long feu.

ancêtre du tampon


Chapitre 2 : Qui a inventé le tampon hygiénique moderne?

C’est véritablement en 1929, aux États-Unis, lorsqu’une amie lui confia insérer une éponge dans son vagin pour absorber le flux menstruel, que le Dr Cleveland Haas eut l’idée d’inventer le « tampon moderne ».

Comme sa femme exerçait le métier de ballerine, il connaissait bien les difficultés qu’elle éprouvait à danser avec les serviettes volumineuses dans son entrejambe lors de ses règles.  Convaincu de l’importance d’une telle invention, il créa la première version du tampon de coton comprimé combiné avec un applicateur télescopique.  Il commercialisa cette petite merveille en 1934 : la compagnie Tampax était née.

tampax première compagnie tampon


Chapitre 3 : Un si petit bout de coton sème une grande polémique!

Mais cette invention qui semblait libérer les femmes des tracas occasionnés par leurs règles ne fit pas l’affaire de tout le monde. Et surtout pas de monsieur le curé!  Il faut savoir qu’à cette époque, du haut de leur chaire dominicale ou dans l’ombre chuchotante des confessionnaux, les représentants de l’église avaient une grande influence sur le petit peuple.

C’était la religion qui contrôlait la politique, l’éducation, l’économie, les guerres et la sexualité des couples. Pourquoi pas les vagins des madames tant qu’à y être?  Le clergé craignait entre autres que le tampon endommage l’hymen des femmes ou même pire, que ces impures utilisent cette éponge phallique comme instrument de plaisir!

Pas étonnant, à une époque où, à chaque orgasme, la femme faisait un pas de plus vers les portes de l’enfer! À une époque où la sexualité, le plaisir, la joie étaient prohibés, où l’anatomie féminine, ses fluides ainsi que le cycle menstruel étaient noyés sous l’ignorance, la honte et les tabous.

Plusieurs mises en garde furent donc lancées aux indignes qui osaient en faire l’usage.  Mais ça en prenait plus, pour freiner l’innovation et l’appétit des femmes pour ces instruments de liberté…

ancêtre applicateur tampon

L'applicateur est en autre inventé pour éviter que les femmes se "donnent du plaisir" à l'insertion d'un tampon... mmmm... ouais.  Signé la religion catholique.

Chapitre 4 : Puis vint au monde le super-hyper tampon absorbant!

En 1975, le Rely sortit sur les tablettes. Ce mastodonte des produits hygiéniques mesurait de 5 cm de diamètre et 13 cm de longueur, soit la grosseur d’un gros zukini! Ouch.

Il était perçu comme l’objet menstruel du futur tant il était hyper super absorbant. Si absorbant que les femmes le gardaient tout au long de leurs règles. Même que certaines ont été obligées de consulter un médecin pour le retirer! Évidemment, tout ça engendra plusieurs problèmes de santé voire le décès de plusieurs femmes.

En 1980, peu à peu les médecins établirent la connexion entre l’utilisation du tampon Rely et les 815 cas de Syndrome de choc toxique dont 38 ont été mortels. Un nombre qui augmenta à 2 200 en 1983.

Il a donc été retiré des tablettes.

rely tampon choc toxique

Épilogue

Depuis l’épisode du Rely, les nombreux scandales ont façonné l’apparence et la composition des tampons hygiéniques que nous connaissons aujourd’hui.

À ce jour, l’innocuité de ceux-ci n’a toujours pas été prouvée.

La suite de l’histoire du tampon reste encore à écrire et nous avons toutes les capacités de jouer un rôle majeur dans celle-ci, grâce à nos choix et notre pouvoir d’achat!

Qui sait, peut-être qu’un jour nous pourrons nous défaire de cette relation toxique et pourrons vivre des menstruations sans risque pour notre santé!

Pour en savoir plus sur la nocivité du tampon hygiénique, surveillez la parution de notre article: "Le tampon : une pollution intime".